Les articles des élèves -2015/2017-


LA LOGIQUE ET LES LOGICIENS.

PAR ANNAELLE BLANC.

 

Le mot «logique» vient du grec «logos» qui signifie «mot, discours, pensée, relation», et même «rationalité» ou « concept », la logique est ainsi l’étude de la raison, de la déduction et de la démonstration méthodiques. C’est la science de la raison, une science qui étudie les règles que doit respecter tout raisonnement pour démontrer qu’il est valide ou non. Il s’agit d’une forme d’amour reliant des éléments entre eux. Une chose est dite logique si l’esprit la percevant est en adéquation, fait un, avec cette chose. Prenons comme exemple l’univers, il est logique si l'esprit qui le perçoit fait un avec lui. S'il en est séparé, il n'y aucune raison que l'univers apparaisse logique. De même, tant que l'esprit se croit séparé de quelque chose, il n'en découvre pas la logique. Ainsi, de nombreuses questions se posent sur ce domaine, comme par exemple : La logique permet-elle de prouver quoi que ce soit ? En réalité, elle n'est souvent fondée sur rien. Finalement qu'est-ce que la Logique, d'où vient-elle, à quoi sert-elle ?

 

Premièrement, depuis Pythagore, né en 580 avant J-C, les mathématiciens s’intéressent au savoir mathématique, ils étudient ainsi les fondements des mathématiques. Des Lumières jusqu’au XIXème siècle, les mathématiques étaient considérées comme pouvant atteindre une vérité définitive et absolue. Les notions basiques de cette discipline étaient censées refléter le cosmos et les théorèmes, être les vérités d’une réalité supérieure. Cette branche reçoit le titre de « Reine des sciences », elle provient de Pythagore, puis de Platon avec le platonisme mathématique. De même, une crise des fondements mathématiques apparue à cause des nombres imaginaires : i au carré = -1. Ensuite, les intégrales furent inventées au XVIIIème siècle, puis la théorie des ensembles XIXème siècle.

 

Tout d’abord, Aristote est considéré comme un des précurseurs de la logique. Son livre l’Organon met en place une étude sur les syllogismes, figures déductives qui, pendant plus de deux milles ans, ont été synonymes de pensée logique. Aristote est née à Stagire en Chalcide en 384 avant J-C. C’est un philosophe grec, disciple de Platon qui fut lui-même disciple de Socrate. Platon fonda l’Académie, dans le jardin d’Académios et Aristote, le lycée, école péripatéticienne, fondée sur la colline aux loups, en grec lucos d’où sont nom, lycée. Le Stagirite préfère créer sa propre philosophie que de rester avec son maître qu’il osa critiquer. Il a rédigé une série d’ouvrages sur la logique regroupés sous le titre d’Organon (instrument, outil). Il est composé par Les Catégories, De l’interprétation, Les Premiers Analytiques, Les Seconds Analytiques, Les Topiques et Les Réfutations des sophistes. Dans ses ouvrages, il explique le syllogisme. Par exemple : Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme donc Socrate est mortel. Ces raisonnements logiques à deux propositions (prémisses) conduisent à une conclusion. La logique aristotélicienne est une référence et influence durable notamment dans la logique. En effet, la logique est née avec lui lors de la lutte entre sophistes et philosophes. Pour Aristote, la logique a deux finalités : dénigrer les sophistes car ils utilisaient des raisonnements incorrects, et fonder la philosophie elle-même. Ainsi, Aristote n'est pas satisfait de certains raisonnements platoniciens. Une philosophie ne peut être rigoureuse que si elle sait comment fonctionne la pensée correcte. La logique se présente comme une science préalable (propédeutique) à toute pensée se voulant rationnelle et sera donc bien considérée à l'époque médiévale comme une technique, un « art » de penser. De plus, ce philosophe insiste énormément sur les principes premiers, ce qui donnera, chez Euclide la création des axiomes comme point de départ de toute théorie. Aristote meurt en 322 avant J-C. 

 

À l’époque d’Euclide, qui travaillait en s’inspirant de la philosophie de la logique d’Aristote, les mathématiques acceptent la mise en place d’une théorie utilisable basée sur des principes premiers, peu nombreux, qui n’ont pas besoin d’être démontrés : les axiomes (aitémata, « demandes » en grec). Cette mesure est indispensable si nous voulons avancer, passer à travers une régression infinie (fonder quelque chose sur autre chose, cela indéfiniment) et un raisonnement circulaire (trouver des preuves pour prouver la véracité d’un énoncé vrai). Jusqu’au XIXème siècle, les axiomes étaient plutôt considérés comme des vérités d’évidences sur le monde. Frege, lui les voit comme une réalité logique implicite. Après, Hilbert, lui est sous l’influence de l’école né sous ses idées : l’école philosophico-mathématique du formalisme. Les axiomes ont finis par être considérés comme existant indépendamment de toute réalité extérieure. Alors, un axiome individuel doit respecter certaines règles :

 *La justesse grammaticale (être en accord avec le langage logique avec lequel il est exprimé)

*L’indépendance (il ne peut pas être dérivé d’autres axiomes)

Et tous les axiomes doivent avoir une cohérence interne (ils ne doivent pas se contredire).

 

Ces axiomes furent utilisés par les mathématiciens et logiciens comme Euclide, mathématicien né en 325 avant J-C qui rédigea des théorèmes et ouvrages extrêmement populaires tel que Les Eléments, un des best-seller depuis presque vingt-trois siècles. Pour le rédiger, il s’inspira d’Aristote et utilisa les axiomes pour configurer ses théorèmes. Son ouvrage est considéré comme la source de la méthode mathématique. Euclide meurt en -225.

Jusqu’au milieu du XIXème siècle, la logique était considérée comme une branche de la philosophie. C’est George Boole avec son algèbre des propositions, mathématiciens du XIXème siècle qui appliqua les identités algébriques,  Frege avec son écriture conceptuelle et la mise en place du calcul des prédicats, qui la fit se rapprocher des mathématiques. Ainsi la logique acquis un rôle potentiel dans la création de fondements des mathématiques solides. Gottlob Frege, né en 1848, est un mathématicien qui introduit les variables. Par exemple il ne dit pas « Socrate est un homme », mais « X est un homme », ainsi, ces propositions dépendent de X pour être vraies. Frege élabore également la notion de quantifieur qui rend un énoncé vrai « pour tout X » : ∀. Il conçoit Grundgesetze der Arithmetik (lois fondamentales  de l’arithmétique), sur le logicisme et le deuxième sur le paradoxe de Russell. Au fils du temps, il devint paranoïde, perte de contact avec la réalité. Le calcul des prédicats (ou logique du premier ordre) est une formalisation du langage mathématique par Frege ou il étend la logique propositionnelle de Boole. Il permet d’exprimer des relations entre individus. Il ressemble au syllogisme, c’est un raisonnements précis, et comportant une  conclusion précise. Il est ainsi bien plus riche que le calcul propositionnel. Il est composé :

*D’individus (ou entités) données par des symboles de variables x, y, z…

*Des fonctions (f, g…) permettant de transformer des entités en autre entités (exemple x père de x).

*Des relations (…, P, Q, R, …) permettant de lier les individus entre eux. (Ex : la relation « sont amis »).

Les relations entre les individus peuvent être vraies ou fausses et servent de bases à un langage de premier ordre réalisé à l’aide de connecteurs logiques du calcul propositionnel et des connecteurs appelés quantifieurs : ∀ et ∃.

 

Egalement, il y eut la théorie des ensembles, théorie non négligeable, qui a permis d’apporter certaines réponses à des questions mathématiques difficiles comme sur l’infini. Elle est basée sur l’étude de groupes d’objets présentant une propriété commune comme par exemple appartenir à un même ensemble : 1, 8, 5 sont des chiffres. Bernard Bolzano (1781-1848), mathématicien Tchèque fut le premier à étudier les ensembles. Deux éléments ont la même taille (cardinalité selon Bolzano) si il n’est pas nécessaire de prendre en compte leur « nombre d’éléments ». Ainsi cette théorie peut s’appliquer à des nombres infinis, qui n’étaient pas considérés à l’époque comme des nombres. 

Dire que x est un élément d'un ensemble E s'écrit: x∈E

Dans le cas contraire, on peut écrire: x∉E

 

La théorie des ensembles est née le 7 décembre 1873, elle était considérée comme branche des mathématiques. C’est Greg Cantor qui prouva la non-dénombrabilité des nombres réels et la dénombrabilité des nombres rationnels. Dans les mathématiques, cette théorie est répandue, elle est même considérée comme la branche la plus fondamentale des mathématiques pour certains, avec elle toutes les autres branches peuvent être définies. Cette théorie des ensembles fut critiquée et Russell trouva un paradoxe. 

 

Le mathématicien Allemand Greg Cantor, né en 1845 loue la loi des ensembles. Selon un de ses théorèmes, l’ensemble des nombres réels, est non dénombrable (ne peut pas être mis en correspondance terme à terme). Et l’ensemble des nombres rationnels : fractions de nombres entiers, est dénombrable. Il prouve alors l’existence de plusieurs types d’infinis. L’Hypothèse du continu fut mise en place, il s’agissait de savoir si un sous-ensemble de nombres réels non dénombrable avec les nombres réels existait. Cantor ne parvint pas à démonter cette théorie. Godël, lui trouva une cohérence avec le système axiomatique seulement. Comme d’autres mathématiciens et logiciens, Cantor cherche à compléter, poursuivre son œuvre. Les logiciens cherchent constamment à aller plus loin, démontrer tout pour être le plus juste possible. Ils essayent d’envisager toutes les possibilités pour éviter de se tromper même si cela paraît inévitable. Ce mathématicien a manifesté des troubles émotionnels, ainsi, être mathématicien ou logicien est une tâche extrêmement compliquée, plusieurs d’autres eux ont même la santé altérée et certains manifestent même les symptômes de la névrose ou de psychose (folie) comme Alan Turing. Il semblerait que le fait de travailler trop sur des choses abstraites fait perdre, pour certains, tout contact avec la réalité. Cela peut être causé par l’angoisse des efforts pour prouver toute les théories, les regards des autres mathématiciens ou autre. Avant sa mort, il laissa tomber les mathématiques, et écrivit des théorie étranges : a. les pièces de Shakespeare étaient écrites par Sir Francis Bacon. Et b. que le Christ était le fils naturel de Joseph d’Arimathie.

 

Pareillement, Kurt Gödel, né en 1906 à Brünn en Moravie est un mathématicien fasciné par la logique et les fondements des mathématiques. Il élabora le théorème d’incomplétude, divisé en deux théorèmes :

*Le premier théorème explique qu’une théorie suffisante pour démontrer les théorèmes de base de l'arithmétique est nécessairement incomplète, en effet, il existe des énoncés ni démontrables (on ne peut pas le déduire des axiomes de la théorie), ni réfutables (on peut déduire sa négation). On parle alors d'énoncés indécidables dans la théorie, obtenir une conclusion, même dans la logique n’est pas toujours possible.

*Le second théorème, lui, aborde la cohérence d’une théorie. Une théorie est cohérente s’il existe des énoncés qui n’y sont pas démontrables. Par exemple, l’arithmétique est cohérente, l’énoncé 0 = 1 n'y est pas démontrable. De même, « une théorie cohérente ne démontre pas sa propre cohérence ». 

De même, ce théorème d’incomplétude fut prouvé, en s’inspirant de l’énoncé  d’Euboulidès, la seule différence est qu’Euboulidès dit «  cet énoncé est faux » et  Godel « cet énoncé est indémontrable ». Cet énoncé contient une autoréférence (cf paradoxe de Russell).

 

Gödel faisait parti du cercle de Vienne, mais s’éloigna de ses camarades à cause de ses pensées idéalistes et platoniciennes, eux étaient plutôt matérialistes et empiriques. Il fut ensuite hospitalisé pour mélancolie profonde. Il réussi après à démontrer que l’hypothèse du continu de Cantor était cohérente avec les axiomes de la théorie des ensembles (si elle est vraie, elle n’est pas contradictoire avec eux). Puis, il devint ami avec Albert Einstein et travailla sur la relativité, il pensait que les voyages intra temporels étaient possibles. Il meurt en 1978, paranoïde.

Subséquemment, Henri Poincaré né en 1854 à Nancy, est un grand mathématicien. Il a collaboré à de nombreux théorèmes dans les mathématiques. Il écrit Analysis situs et pose ainsi les bases de la théorie du chaos. Il fait de nombreuses innovations et critique la théorie des ensembles en disant qu’elle est une maladie dont les mathématiques finiront par être guéries ». Sa phrase : « la logique, qui est stérile à moins qu’elle ne soit fécondée par l’intuition » le fait rentrer dans l’intuitionnisme. Il meurt en 1912.

 

Plus tard, Frege fonda une école dans laquelle Bertrand RUSSELL fut le principal représentant, c’était une école de philosophie des mathématiques : logicisme où la totalité des mathématiques pouvaient être réduit à la logique. Les mathématiques y étaient considérées seulement comme une branche de la logique. Bertrand Russell est né au pays de Galle en 1872 et vient d’une famille aristocratique. Bertrand Arthur William, troisième Lord Russell, son nom complet devint orphelin à 4 ans et fut élevé par ses grands-parents. Il fut militant pacifiste et antinucléaire et un important logicien de l’histoire. Son travail fut important pour mettre en place un logique scientifique et son influence fut vaste. Il rédigea les Principia Mathematica avec Alfred North Withehead  qu’il tint comme échec. Il n’avait pas atteint son ambition : fonder les mathématiques sur la logique. Il se maria quatre fois, eut trois enfants, la schizophrénie atteint sa famille. Il finit sa vie avec son combat pour le désarmement nucléaire et devint une figure emblématique, il meurt en 1970. Le paradoxe qu’il établit devint très célèbre : c’est le paradoxe de Russell. En 1901, alors que le mathématicien travaille sur les fondements des mathématiques : Principia Mathematica, son premier livre, il découvre une faille dans la théorie des ensembles de Cantor développée d’un concept simple de Bolzano, celui de « collection d’éléments ayant une propriété commune. ». Frege étendit cette définition à la logique, nous pouvons ainsi parler « d’ensemble d’ensembles » et par conséquent « d’ensembles de tous les ensembles ». Ces éléments de cet ensemble « universel » peut appartenir à lui-même : auto-appartenance par exemple, un ensemble de gouttes, est une goutte, un ensemble de tas de feuilles est un tas de feuille. Cependant, il y a des exceptions, comme l’ensemble de tous les nombres n’est pas un nombre, ainsi, il existe l’ensemble de tous les ensembles qui n’appartiennent pas à eux même. Russell demande alors si « cet ensemble est ou-non un de ses propres éléments. »

Si oui : l’ensemble fait partie de ceux qui n’appartiennent pas à eux même (propriété)

Si non : il appartient à lui-même.

 

Un paradoxe, comme ici est une situation où lorsqu’on suppose quelque chose on applique sa négation. Lorsque qu’un paradoxe arrive dans une théorie, cela signifie qu’il y a une erreur : un axiome est faux ou une définition n’est pas correcte. 

 

L’autoréférence est la propriété pour un énoncé de se référer à lui même. En logique, ce mot est employé pour caractériser des énoncés qui s’incluent eux-mêmes dans leur champ de référence. C’est par exemple le cas dans l’histoire du barbier, permettant d’expliquer le Paradoxe de Russell. Le barbier vit dans une ville où chaque habitant qui ne se rase pas soi-même, doit se faire raser par le barbier. Cette loi est ainsi considérée comme autoréférentielle puisque le barbier de cette ville est également un habitant de la ville.

 

Le Principia mathematica est un ouvrage inachevé écrit par Bertrand Russell et Alfred North Withehead  dans lequel les deux logiciens tentent de sauver le projet de Frege qui tente d’établir les fondements des mathématiques sur la logique malgré la crise due au paradoxe de Russell. Il fût controversé, notamment pour son titre qui copiait celui de Newton. Trois ouvrages furent publiés des principia matematica, en 1910, 1912 et 1913. Il s’agit du développement de la théorie russellienne des types (réduire les mathématiques à la logique), ils abordent également les axiomes de réductibilité qui furent critiqués par les logiciens, ils les jugeaient comme une solution de facilité. Cet ouvrage influença de grands logiciens comme Kurt Gödel pour son théorème d’incomplétude.

 

Dans un de ces trois ouvrages, 1+1=2 fut démontré en plus de cent pages. La démonstration courte explique, en partant de quatre axiomes :

1 - Un nombre noté 0 existe 

2 - Tout nombre X a un successeur noté succ(X) 

3 - X+0 = X 

4 - succ(X) + Y = X + succ(Y) 

On définit 1 comme succ(0) et 2 comme succ(succ(0))

On pose X = 0 et Y = succ(0)

succ(0) + succ(0) = 0 + succ(succ(0)) (Axiome 4)

1 + 1 = 0 + 2 

1 + 1 = 2 (Axiome 3).

 

L’ami de Russell, Alfred North Whitehead est un mathématicien et philosophe anglais né en 1861. Il collabora pendant de très longues années avec Russell et ensemble écrivirent Principia Mathematica comme nous l’avons décrit précédemment. Russell abandonna les Principia en 1913 et Whitehead voulu réaliser un quatrième volume sur la géométrie qui ne sera jamais achevé. Il passa ensuite à la physique et à la philosophie et meurt en 1947.

Enfin, nous avons un dernier logicien qui influença la logique. Le philosophe du XXème siècle : Ludwig Wittgenstein qui s’intéressa à la logique et aux fondements des mathématiques. Il alla ainsi voir Frege qui l’envoya étudier à Cambridge avec Russell. Il s’engagea ensuite dans la guerre, (première guerre mondiale) et fut prisonnier en Italie où il termina son Tractatus Logico-Philosophicus. Plus tard, il rejeta son œuvre en l’accusant de dogmatique. Il élabora une nouvelle position philosophique : « second Wittgenstein » basée sur des observations. En effet, les logiciens doivent certes écrire des théorèmes ou autres mais ils doivent également observer. Il se focalise ainsi sur le langage, la psychologie. Il en alla même jusqu’à critiquer la philosophie ce qui déplu fortement à Russell. Il meurt en 1951.

Pour finir, la logique se diversifia et se développa après les années de la quête des fondements, et surtout après les résultats de Gödel. La logique est une discipline utilisée aussi bien en mathématiques pure qu’en philosophie. Elle a pour but de démontrer le plus d’éléments possibles, c’est le but des logiciens. La logique évolue constamment, c’est une science extrêmement précise. Elle est également utilisée dans d’autres domaines comme dans l’informatique, dans la seconde moitié du XXème siècle, où elle permet de créer et vérifier le software (logiciel) et hardware (matériel), où encore en ce qui concerne l’intelligence artificielle. 


 

FRIDA KAHLO

PAR SOLÈNE PROTOIS ET LOU DÉON.

 

 

“Ils disaient que j’étais une surréaliste, mais je ne l’étais pas. Je n’ai jamais peint de rêves, j’ai peint ma réalité.”

Frida Kahlo, peintre mexicaine du XXème siècle

 

Frida Kahlo (1907-1954) fascine pour son enthousiasme, sa force face à la douleur, et sa détermination. Elle utilise sa palette comme arme contre le machisme prédominant dans son pays natal : le Mexique. En mêlant dans ses peintures force et douleur, courage et vulnérabilité, Frida refuse le rôle assigné aux femmes dans son pays. Cette artiste célèbre pour ses autoportraits a également illustré ses souffrances au travers de ses peintures. Âgée de seulement six ans, Frida est atteinte de poliomyélite et se retrouve avec une jambe atrophiée. L’année de sa majorité, elle subit un terrible accident d’autobus  qui  entraîne  des  séquelles  physiques  irrémédiables  :  sa  colonne  vertébrale est brisée et son bassin est transpercé d’une barre métallique. Elle se retrouve alitée durant des  mois

et il lui faudra des années avant de remarcher. La douleur deviendra son moteur. Elle se marie plus tard avec le peintre communiste Diego Rivera. Cette union passionnelle fait naître en Frida le désir de devenir mère. Cependant, à  cause  des  dommages  physiques  causés  par  son accident,  Frida  Kahlo  est  dans  l’incapacité  d’enfanter.  Le juillet 1932, elle fait une fausse couche qui la conduit en urgence à l'hôpital Henry Ford. Pendant sa convalescence, Frida peint un autoportrait brutal et terrifiant. Dans  son  oeuvre   L’hôpital Henry Ford  (1932), elle peint son désarroi et sa souffrance face à sa fausse couche.

 

UNE ARTISTE BLESSÉE

La vie de Frida a été marquée par un état d’urgence moral, un martyre physique, l'exubérance et la passion, des amours orageuses et des rencontres érotiques. Dans le tableau  L’Hôpital d’henry Ford, Frida se peint au centre. Nous distinguons une larme qui représente sa tristesse. Frida est rattachée à plusieurs éléments représentant ses principales souffrances. Le sang tâche les draps blancs du lit. Frida a peut être voulu associer le sang à la douleur, la mort, le tourment et le blanc à la pureté. Par ces symboliques, l’artiste a certainement eu la volonté de montrer à quel point la souffrance engendrée par cette fausse couche venait entacher son innocence et sa pureté. On la voit meurtrie et impuissante dans son lit. Elle sera marquée à jamais par le fait de n’être pas devenue mère. Elle surmontera en apparence ce traumatisme avec dignité et assurance. “Je suis comme un chat, on n’a pas ma peau aussi facilement” dit-elle. L’art va être pour elle, un réel échappatoire qui lui permettra de matérialiser son mal-être et de s’en libérer.

 

DIEGO PEINT L’AMÉRIQUE, ET FRIDA SE LANGUIT

A l'arrière plan, le paysage prends la forme de bâtiments de verre et d’acier, représentant les gratte-ciel vertigineux de New York, où les usines grises de Détroit. Le paysage lointain renvoie donc aux villes américaines dans lesquelles le couple a séjourné. Tandis que Diego Rivera peint d’immenses fresques pour les Américains, travaille sans arrêt, sort beaucoup et fait de nombreuses rencontres, sa femme découvre la culture américaine qu’elle n'apprécie guère. Il est enflammé par les États-Unis, où il retrouve la puissance, le pouvoir, l’énergie, la tristesse, la gloire et la jeunesse des terres américaines. Et bien que Frida perçoive la majesté que voit Diego, elle continue de penser que tout ce confort n’est qu’un mythe, car pendant que des riches boivent leurs cocktails, des milliers de gens meurent de faim au travers du pays. Elle juge les  gringos  trop bruyants, trop ambitieux, étalant trop leurs richesses. L’Amérique est la culture du  trop. Dans ce pays, l’important est de devenir  quelqu'un  qu’importe les moyens employés, et elle méprise leur prétention.  Frida, cette femme qui puise son charme dans la diversité de ses origines, se rit des jeunes américaines aux tenues ridicules. Alors qu’elle ne s’intègre pas à ce pays neuf et sans racines, Diego en tombe amoureux et délaisse Frida qui n’est plus le centre de ses préoccupations. De nombreux drames ponctuent leur séjour hors du Mexique, comme la maladie puis la mort de sa mère, la maltraitante physique de sa petite sœur Caterina par son mari ainsi que leur divorce, et enfin, la fausse couche. Ces drames familiaux et sentimentaux la font souffrir et elle se languit de sa terre natale, pays dans lequel elle rayonne, à sa place, auprès de sa famille. Elle tente de s’éloigner des États Unis qu’elle place loin sur le tableau, comme un passé vers lequel elle ne veut plus se tourner.

 

FIGURE RÉVOLUTIONNAIRE

Le couple se retrouve au coeur de la puissance américaine car les États-Unis ont invité Diego Rivera, qui est considéré à cette époque comme le plus grand peintre mexicain, à venir peindre une immense fresque dans le hall du  Rockfeller Center. Cette fresque de 100 mètres carrés intitulée  l’homme au carrefour  (Annexe 1) fut sujet à de nombreuses controverses. En effet, la peinture représente des scènes du premier mai moscovite et contient un portrait explicite de Lénine, allégorie du communisme et de la révolte prolétaire. Cette mentalité n’est pas tolérée aux États-Unis qui se considèrent comme le monde libre en opposition au régime totalitaire mis en place en URSS. Après plusieurs demandes du propriétaire du centre, Diego s’oppose la proposition de modifier le visage de Lénine pour le faire devenir un homme anonyme car il refuse de renier son idéologie et ses convictions politiques. La fresque fut détruite quelques mois plus tard. Au travers de sa peinture du Rockfeller Center, Diego a amené les gens à se battre pour leurs idées. C’est le meilleur qu’un peintre puisse faire, pousser les Hommes à réfléchir, débattre, argumenter, défendre leurs avis et convictions. Cet incident illustre parfaitement les idées politiques de Diego Rivera et de Frida Kahlo, qui est engagée dans la même lutte communiste. Elle s’inscrit au partit communiste à l’âge de vingt-deux ans et ne cessera de soutenir cette orientation politique. Le couple accueillera Léon Trotski lorsque ce dernier se réfugie au Mexique après avoir été exilé de Russie et recherché par Staline. Frida s’engage aussi tout au long de sa vie pour la condition de la femme et pour lutter contre le machisme encore très présent au Mexique. Elle sort des sentiers battus en vivant libre et émancipée. Sur les photos de famille et sur certains de ses portraits, elle arbore des tenues masculines, comme sur sa toile  autoportrait aux cheveux coupés  (Annexe 2), où elle se coupe les cheveux pour évoquer sa rupture avec Diego et sa révolte contre cet homme qui l’a fait souffrir. Frida est une femme pleine de fougue et de force, elle s’engage sans limite dans de nombreuses causes. Elle tente de révolutionner sont temps avec comme armes ses couleurs et ses pinceaux. Mais elle incarne aussi la grâces, la sensualité, la liberté et la paix. Frida,  Frieden.                       

 

LA CASA AZUL

De retour au Mexique, elle s’installe avec Diego à la casa azul.  La casa azul  est cette maison fleurie, colorée et typique qui a été habitée par Frida et sa famille, mais qui a aussi connu de grandes personnalités comme Léon Trotski, Max Ernst, André Breton et bien d’autres. Un lieu de partage, artistique et intellectuel. Un lieu privilégié et chaleureux que Frida Kahlo veut retrouver, et qui s’oppose en tout point au paysages ternes de leur escapade américaine. C’est cette maison qui l’a vue grandir, aux cotés de sa famille. Comme nous pouvons le voir dans sa toile  Mes parents, mes grands-parents et moi  (Annexe 3), l’arbre généalogique de l’artiste exprime une grande diversité culturelle avec ses origines mexicaines, indiennes, espagnoles et allemandes. C’est tous ces éléments qui ont forgé le caractère de l’artiste. Durant son enfance, entourée de ses trois soeurs, elle vouera un amour et une admiration sans borne à son père, peintre et photographe, qui fait preuve de beaucoup de tendresse et de confiance envers sa fille. Il la poussera à peindre et à exprimer son talent, et fera tout ce qui est en son pouvoir pour subvenir à tous les soins médicaux nécessaires à la santé de sa fille après l’accident. Cet accident est un point de rupture dans la vie du peintre. Une mort et une renaissance à la fois, qui deviendra un sujet récurrent dans ses oeuvres. Ce sont tous ces éléments qui définissent Frida Kahlo. Ses racines, son enfance, son accident, sa maison. Cette belle maisons qui l’a vu naître et mourir.

                

UN AMOUR PASSIONNEL ET L’ABANDON

L'artiste se représente nue sur son lit d'hôpital, baignant dans son propre sang. Elle est entourée de six éléments qui flottent autour d'elle, retenus par des fils rouges, comme des cordons ombilicaux. Au centre de la composition, le fils qu'elle vient de perdre est recroquevillé en position fœtale : il s’agit de “dieguito” qui signifie petit Diego. La représentation du foetus mort, encore relié à Frida est violente. Elle se trouve à côté de la représentation d’un bassin de femme. Nous pouvons distinguer dans ce bassin des spermatozoïdes (il est possible qu’ils appartiennent à Diego). Frida ferait alors référence à la relation passionnelle et tragique qu’elle entretient avec Diego. Elle a vingt-deux ans lorsqu’elle l’épouse pour la première fois et se remariera avec lui en 1940, peu de temps après leur divorce. Diego est un peintre communiste au physique atypique. Les parents de Frida, et notamment sa mère s’opposent à son mariage avec Diego qui est connu de tous pour ses conquêtes féminines multiples. Frida, insoumise, se trouve blessée et trahie par les incessantes infidélités de son mari (notamment celle avec sa soeur Cristina Kahlo). Cette liaison houleuse rendra Frida plus déterminée et indépendante. Elle aura, tout au long de sa vie, la fervente volonté de rester maître de son destin et libre. Elle révolutionne ainsi la vision de l’amour et de la fidélité. Frida aime Diego pour ce qu’il est, elle connaît sa nature profonde. Tant que Diego lui est loyal, il peut la tromper. Diego représente pour elle un compagnon de route, un camarade révolutionnaire car ils partagent le même engagement politique communiste, et l’amour de sa vie. En effet, son amour démesuré l’empêchera de se séparer même s’il la fait souffrir. Frida déclare que Diego est la meilleure et la pire chose qu’il lui arrivera. Cette dualité rythme la passion du couple. Au travers de la représentation du bassin, Frida traduit sa profonde solitude face à sa fausse couche : “je peins des autoportraits car je suis seule si souvent” annonce t-elle. De plus, on la trouve représentée sans Diego et le lit d’hôpital vient s’opposer à l’immensité de la plaine en arrière plan. Ces deux éléments viennent renforcer la solitude et l’abandon subis par l’artiste.

 

DES INCAPACITÉS PHYSIQUES

Les séquelles de l’accident d’autobus endurées par Frida l'empêchent de mener à terme plusieurs grossesses successives. En bas à droite du lit, relié par un cordon ombilical, nous remarquons un bassin en parfait état. En peignant ce bassin, Frida exprime son désarroi et son regret de ne pas avoir ce bassin. Elle projette sa colère et sa souffrance causé par sa fausse couche sur un désir impossible d’une meilleure santé. L’art est donc l’expression matérialisée de sa douleur.

 

LIEU D’ASILE

L’artiste empreinte la technique picturale des ex-votos pour peindre son tableau et fait figurer sur la toile, comme souvent dans ce genre de peinture, la date et le lieu de sa fausse couche :  julio de 1922 ; Hospital Henry Ford, Détroit.  Cet hôpital, qui sera le lieu du drame ainsi que le lieu d’asile dans lequel elle reposera durant la période de sa convalescence est ainsi associé à une douleur immense, la douleur des espoirs déçus, de la solitude et de la brutalité de sa condition. C’est cet hôpital qui l’avait convaincue de conserver l’enfant plutôt que d’avorter, c’est cet hôpital qui a allumé en elle cette lueur, lueur d’espoir vacillante et douloureuse. En écrivant la date et le lieu de ce drame, l’artiste ancre la toile dans un cadre spatio-temporel qui le rend encore plus réel, d’une réalité dure et cruelle.

 

L’ORCHIDÉE VIOLETTE POLYSÉMIQUE

Au centre, une orchidée coupée et presque fanée flotte. De nombreuses significations peuvent être prêtées à cette fleur. Dans un premier temps, cette fleur pourrait rendre un fragile hommage à la vie trop courte de l’enfant mort-né. Cependant cette symbolique semble hâtive, nous sommes donc allées analyser l'étymologie du mot “Orchidée” dans le but d’éclairer la signification de cette représentation florale. Le mot “Orchidée” vient du grec “orchi” qui signifie testicule. Au travers de cette fleur, Frida a peut être cherché à représenter la fécondité masculine… De plus, la fleur est violette. Nous avons ainsi cherché la signification de cette couleur. Le violet est souvent associé au mystère. En choisissant cette couleur, Frida a probablement mis en évidence le mystère lié à la cause de toutes ses souffrances. Le violet peut également être associé au deuil, à la crainte ou à la mélancolie. Le choix de cette couleur pour peindre sa fausse couche et sa tristesse prend alors tout son sens. Nous remarquons par ailleurs un second usage de cette couleur signification : les nuages au dessus du foetus sont violets. L’artiste a peut être voulu illustrer le deuil de Dieguito.

 

LA LANGUEUR DE L’ESCARGOT

L’un des 6 éléments flottants reliés au corps de Frida est un escargot, situé en haut à droite du tableau. L’escargot, animale symbolisant lenteur et langueur, comme cette fausse couche douloureuse qui n’en finit pas de durer, comme le temps qui se distille inlassablement lorsqu’on est attachés au lit d'hôpital. C’est cet élément du tableau qui renvoie au cadre temporel et à la fuite du temps paralysée que vit Frida Kahlo. Si nous nous intéressons à la signification psychanalytique  de l’escargot, nous pourrions développer cette analyse pour comprendre la personnalité du peintre. En effet, l’escargot illustre deux idées différentes. Tout d’abord, la coquille de l’escargot, qui est en quelque sort sa “maison”, souligne une volonté de rester auprès de ce que l’on a construit, de nos origines. Comme nous l’avons évoqué plus tôt, l’artiste peint ce tableau durant sa convalescence, après sa fausse couche aux États-Unis. Frida n’est pas heureuse aux États-Unis et rêve de retrouver son pays, sa famille, la  casa azul.  L’escargot qui porte son univers sur son dos et ne le quitte que lors de sa mort illustre le besoin qu’éprouve Frida Kahlo, qui se languit de son pays natal. D’autre part, l’escargot nu est d’une forme phallique. Selon les psychanalystes le corps de l’escargot représenterait le sexe masculin et la bave, le sperme. Cette image pourrait témoigner d’une volonté d’émancipation et d’autonomie sexuelle et  d’une hésitation sur l’orientation sexuelle. Cette interprétation est due au caractère hermaphrodite des escargots. Cela correspond aux récits de la vie de l’artiste, qui a vécu des relations tumultueuses, tout d’abord et principalement avec Diego Rivera, son mari, mais aussi avec Léon Trotski (comme nous pouvons le voir dans l’une de ses oeuvres intitulée  Autoportrait dédié à Léon Trotski  (Annexe 4)) ainsi qu’avec des femmes comme son amie peintre Georgia O’keffe, avec qui elle a entretenu une longue relation. C’est peut-être même elle que Frida a peinte enlacée dans ses bras dans un paysage tropical sur sa toile  Deux nus dans la forêt  (Annexe 5). Frida s’est engagée toute sa vie durant pour l'émancipation de la femme, et dans son quotidien, elle se bat pour vivre libre, au travers de son art, de ses choix et d’une sexualité libérée, que ce soit avec des hommes ou avec des femmes. Toute la complexité d’un être au sein d’une coquille d’escargot.

 

OPPRESSION CONSTANTE ET TERRESTRE

Le lit volant. C’est l’autre nom du tableau, un nom qui renvoie à cette impression de flottaison du lit sur lequel Frida Kahlo est allongée. Un flottement, une sorte d’abandon, de lâcher prise contre cette douleur insoutenable qui la coupe de tout contact avec la réalité. Seule cette pièce métallique pesante retient cette femme de l’envol. Frida est reliée par un de ses cordons à un étau de fer en bas à droite de la peinture. Cet outil de métal pourrait tout d’abord faire référence aux différentes machines qui composent le corps de l’artiste, dû à la fragilité de sa colonne et à ses différentes fractures, ainsi qu’aux corsets de fer qu’elle doit supporter tout au long de sa vie. Mais cet étau symbolise surtout l’oppression que Frida Kahlo ressent, ce sentiment puissant et douloureux du désir impossible, celui d’avoir un enfant. Frida est submergé par les contradictions qui l’habitent, son amour de la vie mêlé à l’impossibilité de vivre. Elle se sent opprimé dans ce corps brisé, trop étroit pour sa personnalité et ses désirs. En peignant cet étau de fer, l’artiste exprime sa douleur physique et morale de ne pas pouvoir donner vie à son union avec Diego au travers d’un enfant. L'étau, dans ses couleurs froides tranche avec le fond aux couleurs chaudes et met en valeur l'oppression que ressent l’artiste. Cette atmosphère suffocante est palpable pour le spectateur qui observe la peinture, car Frida partage plus que des images, elle transmet des sentiments au travers de toute son œuvre.

 

L’ŒUVRE D’UNE VIE

L’Hopital Henry Ford  est une oeuvre magnifique, puissante et touchante, qui agit comme une fenêtre ouverte sur la vie tragique et tumultueuse de l’artiste. La toile dépeint un drame qui bouleversera profondément Frida. Les détails sanglants de l’image rendent compte de la violence et de la douleur que le peintre éprouve, enfermé entre les quatre murs blanchâtres de l’hôpital. Chaque élément de l’image à la signification implicite donne une impression de profondeur à l’oeuvre qui décrit avec justesse la détresse perceptible et étouffante. Cette femme est reliée aux éléments qui la font souffrir par des filaments rouges, comme des cordons ombilicaux. C’est là toute la puissance du chaos qui règne en Frida Kahlo. Les malheurs de son existence sont aussi ses raisons de vivre, à l’instar de sa relation avec Diego qui sera source de souffrance mais dont elle ne peut se passer. Ce tableau est une image saisissante de ses espoirs déçus, sa souffrance, sa solitude. Avec Frida, nous découvrons la souffrance à travers la création. Frida, c’est tout d’abord une oeuvre. Frida, c’est un mythe à elle seule. Quand nous découvrons Frida, nous avons envie de tout savoir sur sa vie, de se laisser porter par ses toiles qui retracent sa vie comme un journal intime, comme un torrent puissant, un tourbillon qui nous emporte dans son monde où la folie se mêle à la lucidité, la douceur à la sensualité, la construction à la destruction. Une curiosité infinie nous anime, guidée par son regard étrange et sa beauté infirme. Cette artiste puise la force de survivre dans la peinture, la peinture comme un souffle de vie, comme un démon qui la ronge. Elle qui ne demandait qu’à s’épanouir devra lutter jusqu’à la fin contre elle même et contre ce corps que la vie aura brisé en mille morceaux. Diego Rivera décrira cette oeuvre, l’oeuvre d’une vie,  « Son œuvre est acide et tendre, dure comme l’acier et subtile comme l’aile du papillon, adorable comme un sourire et cruelle comme l’injustice de la vie… Jamais auparavant une femme n’a transposé une telle souffrance poétique sur la toile ».


LA PLACE DES FEMMES DANS LA SOCIÉTÉ.

PAR CHLOÉ HIRTZ ET SOLÈNE PROTOIS. 

 Après le chapitre sur la religion, nous nous sommes demandé quelle place les femmes occupaient dans les différentes religions, ce qui nous a amené à nous questionner sur la place des femmes dans la société. Les inégalités entre l’homme et la femme existent depuis le début des civilisations, c’est pourquoi nous pouvons nous interroger : quelles en sont les causes ? Quel est le point de vue des philosophes sur le sujet ? Où en est le combat vers l’égalité aujourd’hui ?

 

I. Les femmes n’ont pas une place importante dans la société 

1) La religion

 

Nous pouvons remarquer que les religions sont sources d’inégalités entre les hommes et les femmes, qu’elles sont un des facteurs principaux de l’oppression des femmes, car dans la majorité des croyances, elles ne sont pas considérées comme l’égale de l’homme. Nous pouvons observer que, dans la plupart des religions, les femmes sont presque inexistantes dans les hautes fonctions religieuses de la hiérarchie, ainsi que dans la représentation de dieu ou de l’idole vénérée. Elles sont même parfois dénigrées ou considérées comme des êtres représentant la tentation ou le péché. Nous avons relevé quelques exemples

• Religion chrétienne

-"Le chef de tout homme, c’est le christ ; le chef de la femme, c’est l’homme..." Bible v.3

-“tout homme est né de la femme, et le discours de la Genèse: la femme est tirée de l'homme. Il veut dire que la femme, elle, n'est pas tirée de la terre, de la poussière, comme l'homme. Et elle doit le signifier dans ses pratiques, dans son comportement, en portant sur la tête la marque de son pouvoir” (11,10).

-Dans la genèse, il y a deux versions écrites au même titre dans la bible. La première est que l’homme et la femme auraient étés crées en même temps, la seconde défendrait l’idée que l’homme a été crée en premier, et que, ce dernier s'ennuyant au paradis, dieu aurait prélevé une de ses côtes pour créer la femme à son image. Avec le temps, la première version de l’histoire est tombée dans l’oubli, et les croyants ne connaissent que la seconde, où la femme détient un rôle d'infériorité.

- au jardin d’Eden, c’est la femme qui a cédé aux propositions du serpent, et qui a tenté Adam et lui a fait manger la pomme, fruit défendu. C’est donc sur Eve, la femme, qu’est rejetée la faute de tous les malheurs du monde, car dans la Bible, Adam et Eve ont étés chassés du jardin d’Eden et condamnés à travailler pour Adam et à enfanter dans la douleur pour Eve)

• judaisme

-dans la religion juive, bien que la femme ait une grande importance (c’est elle qui reçoit en premier la torah) son rôle est à l’intérieur, à s’occuper du foyer “la gloire de la femme, c’est d’être à l’intérieur”

- une valeur religieuse est abordée sous le nom de tsinout qui signifie “modestie”  en hébreu. C’est un concept religieux qui prescrit le comportement à suivre pour éviter des situations gênantes ou de promiscuité, pour se préserver de toute débauche. Cependant, cet effacement est appliqué presque uniquement pour la femme. Il s’agit en quelque sort d’éradiquer “pour son bien” la femme de l’espace public pour éviter tous les désirs qu’elle peut susciter.

- pour Philon, un juif helléniste du Ier siècle : “la femme est une créature égoïste, excessivement jalouse et qui tente de ruiner l’engagement moral de son mari et de le séduire par ses impostures continues”

• religion musulmane

-Dans la religion musulmane la première différence se fait au sein de la mosquée, en effet dans un certain nombre de mosquées il existe une interdiction d’accès aux femmes jugées parfois “être une tentation” ou “être perturbatrice” pour les hommes présents. Il existe aussi beaucoup de mosquées dans lesquelles une pièce est réservée aux femmes comme notamment à la mosquée de Paris où cette pièce est appelée “entre-sol”.

-Il existe d’autre différences notamment au niveau du mariage. Sur ce niveau il est dit que ce sont les hommes qui ont l’autorité sur les femmes. Cette supériorité leur est accordé car dans la religion musulmane la femme doit veiller sur les affaires du mari lors de son absence. Ceci signifie que le mari doit subvenir aux besoins de la famille et il peut imposer son autorité à sa femme. De plus la polygamie est autorisée aux hommes si ceux ci respectent leurs devoirs religieux. Cette polygamie est quant à elle interdite pour les femmes.

Pour finir, la différence la plus visible au sein de la religion musulmane reste vestimentaire. Un certain nombre de femmes sont voilées, elles se couvrent les cheveux et parfois plus afin de dissimuler leurs formes. Quant au mari aucune restriction vestimentaire ne lui est imposée.

• bouddhisme

Dans cette religion d’après les textes les femmes sont placées de façon nettement inférieure aux hommes. Selon eux la véritable pureté d’un homme provient de sa délivrance des femmes. De plus de nombreuses considérations établissent un statut fortement inférieur aux hommes comme le fait que les femmes soient des êtres impurs ou que la naissance d’une fille soit vue comme un malheur.

 

2) La société

 

Dans notre société la femme a longtemps gardé une place de mère au foyer. Durant des siècles elle fut placée sous la tutelle de son mari, elle ne détenait aucun droit vis à vis de notre société. En 1804 : Le code civil prévoit que : « le mari doit protection à la femme, la femme doit obéissance à son mari ». C’est seulement en 1944 que le droit de vote fut accordé aux femmes, et ce n’est qu’en 1946 ( en France) que la femme est reconnue comme égale de l’homme. C’est grâce à leur présence active au sein de la résistance et à leurs aptitudes à remplacer les hommes durant la Seconde guerre mondiale que les femmes furent légalement et juridiquement égales à l’homme. Il faudra tout de même attendre 1965 pour que les femmes mariées puissent exercer une profession sans l’autorisation de leur mari.

Cependant malgré une égalité parfaite du point de vue de l'état, des inégalités subsistent. Par exemple au niveau de la rémunération. Pour un travail réalisé de la même manière une femme et un homme n’obtiendront pas forcément les même salaire. On peut atteindre, en France, un écart allant jusqu’à 20% dans certains corps de métiers.

De plus au niveau professionnel les femmes sont freinées de façon générale à cause d’une éventuelle grossesse . En effet une grossesse entraîne un coût élevé pour les entreprises ce qui explique la réticence des patrons à embaucher une femme plutôt qu’un homme malgré des capacités identiques. De plus il existe une sorte de solidarité masculine qui donne une certaine faveur aux hommes pour se placer dans les hauts postes des sociétés.  

La dernière différence notable est la répartition des tâches ménagères au sein d’un foyer. Malgré les avancées de la femme dans la société de nombreuses personnes estiment que les femmes doivent répondre aux clichés des années passées . Ainsi, même si les 2 personnes du couple possèdent un travail, la femme s’occupera plus facilement de la cuisine que son mari.

 

3) Les représentations artistiques

 

- le viol Magritte : Magritte a peint dans son tableau le visage d’une femme dont la tête est remplacée ou symbolisée par des organes sexuels. le peintre suggère sûrement que la violence faite aux femmes passe souvent par la transformation de leur visage en objet de désir. cela illustre l”inégalité flagrante entre l’homme et la femme. c’est à cause de cette “sexualisation” du corps et du visage de la femme que certaines religions les poussent au port du voile.

- Cette représentation de la femme que la société associe trop souvent à son corps est illustrée au travers d’un moteur de recherche que nous utilisons quotidiennement. Lorsque vous tapez “homme” sur google image, vous retrouvez des portraits d’hommes en costume pour la plupart. Lorsque vous tapez “femme” dans la barre de recherche, il s’affiche des photos de femmes nue ou en lingerie. Cette difference flagrante illustre la vision pervertie que la société porte sur le corps de la femme.

 

II. La vision de la femme par les philosophes

 

Les philosophes se sont souvent penchés sur le thème de la femme, et malgré leurs idées justes sur le bonheur, la liberté, la religion et l’égalité, nous pouvons être surpris de remarquer que la plupart considèrent la femme comme un être inférieur.

Thèses des philosophes : 

 

A) La femme ontologiquement inférieure à l’homme ♣

 

Cet argument est principalement défendu pas les philosophes hellénistes que sont Socrate, Platon et Aristote. En effet, ces derniers pensent que la femme possède un défaut, une maladie dans leur être qui les différencie par nature de l’homme et qui les rend donc inférieures.

- Socrate : la maïeutique de Socrate, qui se considère comme un accoucheur → lien avec l’accouchement de la femme. En effet, dans sa maïeutique, Socrate accouche des âmes. La femme, elle, ne donne que la forme à l’enfant qu’elle porte. Elle ne lui donne pas son âme, ce n’est donc pas vraiment elle qui engendre.

- Platon : bien qu’il juge qu’elles aient le droit d’accéder à la vie politique, dans “République”  il les décrit inférieures aux hommes.

Dans son discours, Platon explique que l’homme, en particulier Socrate, accouche des âmes, tandis que la femme, elle, accouche le corps. Platon fait la distinction dans son oeuvre entre l’âme qui est haute et pure et le corps qui est bas et impur. La femme n’est donc pas pure et la philosophie est dédiée aux hommes, ainsi que l’enfantement d’un homme.

- Aristote : Aristote pense lui aussi qu’il y a une différence ontologique entre l’homme et la femme : “les femmes ont un défaut par nature” Dans traité de la génération des animaux, Aristote parle de la “mole”, il désigne ainsi les règles des femmes. “les femmes seules sont exposées à cet accident.” chapitre VII. Il pense donc que les règles des femmes sont une maladie, et comme les femmes sont les seules à en être victimes, elles sont inférieures à l’homme. De plus, Aristote pense que toute l’âme d’un enfant vient du sperme de l’homme, et que la femme n’étant capable de produire que du flux menstruel et non du sperme, ellle est inférieure à l’homme. « Une femme, conclut Aristote, c’est comme s’il s’agissait d’un mâle infertile » (Génération d’Animaux I, 728a) « Un mâle est mâle en vertu d’une capacité particulière, une femelle est une femelle en vertu d’une incapacité particulière. » (Génération d’Animaux I,82f).

Aristote est pour la théorie du “pot de fleur” ou du “champ”. Il pense que la femme étant infertile sert seulement de terre et de matière pour que son mari y dépose la graine, c’est à dire l’essence de la vie.

Enfin, en vertu de cette inferiorité, “la relation entre le mâle et la femelle est par nature telle que le mâle est supérieur, la femelle, inférieure, que le mâle dirige et que la femelle est dirigée.”  Aristote, Politique 1254 b 10-14.

Aristote a souvent condamné la liberté excessive des femmes spartiates, car selon son mode de pensée, la femme doit être soumise a l’homme.

- Albert le Grand : “la femme est un homme raté” Quaestiones super de animalibus, XV, q. 11 il parle aussi dans le même article de “ nature défectueuse et imparfaite”, termes qui seront repris par son élève saint Thomas d’Aquin . Il justifie cette nature défectueuse par la présence de plus de liquide dans le corps des femmes que dans celui des hommes. or ce liquide se déplace facilement dans leur corps, ce qui provoque leur instabilité et leur curiosité.

- Saint Thomas d’Aquin “En tant qu’individu, la femme est un être chétif et défectueux” somme théologique, XCII, I. Sur ce Plan, saint Thomas d’Aquin rejoint la position des philosophes hellénistes. Il défend en effet une différence ontologique, dans sa nature, avec l’homme, ce qui la rend inférieure car elle est considérée comme défectueuse. Il souligne ainsi un mauvais fonctionnement de l’être.

la femme, un être futile, intéressée aux apparences et à l’amour

- Freud : il considère la femme comme un mystère qu’il n’a jamais résolu “Après trente ans passés à étudier la psychologie féminine, je n’ai toujours pas trouvé de réponse à la grande question: Que veulent-elles au juste?”

- Thomas d’Aquin : “la femme est un être occasionnel et accidentel” somme théologique,Ia, q. 92, a. 1, obj. 1 “femina est aliquid deficiens et occasionatum”. D’une part il évoque ici son avis partagé avec Aristote, et d’autre part au travers du mot occasionnel, il souligne la légèreté des femme de son point de vue.

- La Rochefoucauld : “L’enfer des femmes, c’est la vieillesse” la Rochefoucauld pense que c’est l’apparence qui prédomine chez la femme. Ainsi que beaucoup d’autres auteurs, comme Ronsard dans ses sonnets pour Hélène , la Rochefoucault évoque le temps et la vieillesse qui fanent la beauté d’une femme et considèrent l’apparence comme élément indispensable et primordial chez une femme.

- Diderot : “Il n’y a que les femmes qui sachent aimer; les hommes n’y entendent rien” dans Jacques le fataliste évoque brièvement la sensibilité amoureuse plus développée des femmes.

- Erasme ; La femme est "un animal ridicule et suave" et “La femme est, il faut bien l’avouer, un animal inepte et fou, mais au demeurant plaisant et gracieux.” éloge de la folie. Erasme considère la femme comme un être atteint par la folie, de plus, il juge qu’elle n’est intéressée que par la séduction et l’amour.

 

B) la femme, un être dangereux, une tentation pour l’homme ♣

 

- Pythagore : "Il y a un principe bon qui a créé l'ordre, la lumière et l'homme. Il y a un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres, et la femme".

Tout d’abord Pythagore rejoint les thèses des philosophes hellénistes en expliquant que la femme est créée par un mauvais principe, et l’homme par un bon principe. Il y a donc une différenciation au niveau de leur création. De plus il aborde l’idée d’un être néfaste qui est la femme car elle aurait été créée avec les ténèbres et le chaos.

- Rousseau : il considère la femme comme un être de passion et d’instinct et s’indigne de l’insatiable sensualité de la femme

- Nietzsche : “L’homme véritable veut deux choses : le danger et le jeu. C’est pourquoi il veut la femme, le jouet le plus dangereux.”ainsi parlait Zarathoustra

Nietzsche considère ainsi la femme comme un jouet, un objet, elle est déshumanisée et dirigée selon les volontés de l’homme. De plus, il la juge dangereuse pour l’homme qui tente tout de même de la posséder.

- Kant : resté vierge et célibataire, s’insurge de l’appropriation sexuelle de la femme par l’homme

“Par le mariage la femme devient libre, par lui, l’homme perd sa liberté”

Rôle de la femme est de servir l’homme et le foyer

- Schopenhauer : “Il ne devrait y avoir au monde que des femmes d'intérieur, appliquées au ménage, et des jeunes filles aspirant à le devenir, et que l'on formerait non à l'arrogance, mais au travail et à la soumission", Essai sur les femmes (1851)

Il  considère que la femme est le sexe second “sexius sequior”

- Philon : “les femmes doivent être les esclaves de leurs maris, une servitude imposée non pas par la violence mais en promouvant une obéissance en toute chose”

 

III. le combat vers l’égalité des sexes

 

Heureusement, aux thèses misogynes des philosophes s’opposent certaines personnes, des femmes principalement, qui prônent l’égalité des sexes et l’émancipation de la femme. Parmi elles, on retrouve des grands noms de la philosophie ou de la littérature, comme par exemple Simone de Beauvoir.

 

1) la philosophie au service de la condition de la femme

 

- Simone de Beauvoir :

(anecdote : elle rencontre Sartre à la fac. Elle est reçue 2éme a l’agreg de philo, juste derrière Sartre)

Mémoires d’une jeune fille rangée : Un récit autobiographique qui relate les vingt premières années de sa vie, son éducation, sa famille et ses études pour souligner la condition de la femme.

 

Le deuxième sexe :

Simone de Beauvoir a écrit le deuxième sexe, un essai philosophique sur la condition de la femme qui est considérée comme une œuvre révolutionnaire car c’est la première féministe qui a réussi à baser ses thèses d’égalité des sexes sur une argumentation solide et philosophique.  Le deuxième sexe a une influence importante sur les générations de femmes qui ont suivi, comme l’auteur Annie Ernaux qui reprend ce combat dans la femme gelée. Cependant, l’oeuvre reste très controversée car elle aborde un sujet sensible, en désaccord avec les dogmes établis par la société de son époque.

L’ouvrage est divisé en deux tomes, le premier étant intitulé “les faits et les mythes”. Dans cet essai, elle fait une étude historique, anthropologique, psychanalytique, philosophique et littéraire de la femme pour démontrer qu’aucun de ces arguments ne justifie l’infériorité hiérarchique forcée de la femme. Elle aborde la notion de l’Autre, de la personne placée au second plan, après l’homme. Elle explique aussi que la femme est enfermée dans un idéal féminin dont elle est victime.

Dans le tome II,  elle retrace sa vie depuis son enfance et étudie les rôles de femme, de mère, de prostituées, pour souligner le fait que les femmes sont toujours mises au second plan et sont forcées à la passivité. Elle évoque la notion de transcendance, qui signifie étymologiquement “l’escalade par delà” ses propres limites (grec). Elle pense qu’il est possible de se dépasser (se transcender) par le travail, mais la femme reste cloîtrée au foyer. Simone de Beauvoir pense aussi que la femme peut être victime et coupable à la fois. Elle classe les femmes dans trois catégories : l’amoureuse, qui abandonne sa liberté au profit de son mari, la narcissique, qui l’abandonne pour sa personne, et la mystique, qui l’abandonne pour dieu. (c’est l’idée que défend Isabel Allende dans un des textes que nous avons étudiés en espagnol. Elle pense que les femmes sont victimes du machisme, mais coupables à la fois, car ce sont les femmes qui éduquent les enfants, les filles à servir, et les garçons à être servis.)

Enfin, le tome II débute par la célèbre phrase “on ne naît pas femme, on le devient” Elle illustre tout d’abord les thèses existentialistes que défendent Simone de Beauvoir et Sartre, car l’existentialisme prône l’idée que l’être humain n’est pas fixe mais en devenir. De plus, d’après moi, Beauvoir utilise le terme “femme” (ou “féminin” comme elle le reprendra plus loin dans l’oeuvre) au sens de la définition que la société de son époque leur imposait, comme un fardeau. Ainsi, elle explique qu’il n’y a pas de différence biologique entre la femme et l’homme qui justifierait cette inégalité, mais que c’est la société qui leur imposerait petit à petit cette condition. Sur ce sujet s’opposent la thèse défendue par Simone de Beauvoir et la thèse des différencialistes. Si nous prenons l’exemple de l’instinct maternel, Beauvoir pense que les femmes ne détiennent pas plus d’instinct maternel à la naissance que les hommes, mais que c’est la société qui leur impose cette vision du monde. Les différencialistes pensent qu’il existe bien des différences entre l’homme et la femme, comme l’instinct maternel, mais qu’il ne justifie pas les inégalités entre les deux sexes.  

“C’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui peut seul  lui garantir une liberté concrète” le deuxieme sexe tome 1. Dans ce passage, elle exprime l’idée que la femme peut etre transcandée par le travail.

“Les femmes se forgent à elles-mêmes les chaînes dont l’homme ne souhaite pas les charger” le deuxième sexe tome 1. Ici, elle montre que la femme est elle même coupable de son assujettissement.

“En France surtout  on confond  avec entêtement  femme libre et femme facile, l’idée de facilité impliquant une absence de résistance et de contrôle, un manque, la négation même de la liberté” le deuxieme sexe tome 1. A cette époque, l’idée répandue est que toute femme recherchant une certaine émancipation est considérée comme une femme de petite vertu, ou une femme légère. Or, dans cet essai, l’auteur nous montre pourquoi ne plus recourir à cet amalgame.

 

2) les personnes engagées dans le combat  vers l’égalité / figures qui ont marqué le combat vers l’égalité des sexes

 

- Olympe de Gouge : Olympe de Gouge, femme de lettres puis femme politique française, est morte guillotinée durant la révolution. Héroine révolutionnaire, elle est considérée comme étant à l’origine du féminisme,car elle a écrit et agi pour la libération des femmes et des esclaves. Elle a en particulier écrit le texte déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. En effet, a l’époque de la publication des droits de l’homme, le traité ne s’appliquait non pas à l’homme avec un grand H, mais seulements aux hommes, concervant l’inégalité envers les femmes. Olympe de Gouge a donc contribué à rétablir cet équilibre. Elle écrit par exemple : “ La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune.” Elle défend donc l’idée que, la femme pouvant être inculpée pour ses fautes, elle devrait aussi avoir le droit de participer à la vie politique de son pays.

Dans certains de ses écrits, nous pouvons relever qu’Olympe de Gouge pense qu’il y a une différence entre l’homme et la femme, mais contrairement aux théories sur l’égalité, elle soutient que la femme est supèrieure a l’homme.

- Mrs. Fawcett (suffragiste) et Mrs. Pankrust (suffragettes) : Mrs. Fawcette est une femme anglaise qui a commencé à militer à partir de 1870. L’élément déclencheur de sa révolte fut le suivant : lorsqu’on lui vola son sac et qu’elle voulut porter plainte, on lui répondit que le sac étant la possession de son mari, seul lui pouvait porter plainte. Elle devint présidente des suffragistes, et créa la National Union of Women’s suffrage Society (NUWSS). C’est un groupe de lobby qui milite activement pour le droit de vote des femmes, de façon pacifiste. Ses arguments sont principalement basés sur le fait que (comme le disait Olympe de Gouge), les femmes sont soumises aux lois du pays, elles devraient avoir le droit de voter.

Mrs. Pankrust, elle, a fondé l’union sociale et politique féminine (WSPU) ainsi que les suffragettes, en opposition aux suffragistes. Elles se distinguent de ces dernières par la violence de leur actes. Les suffragettes ont recours aux grèves de la faim, elles brisent des vitrines, s’accrochent à des pilônes,... Elles aussi défendent le droit de voter des femmes en Angleterre pour lutter contre l’inégalite des sexes.

Ces femmes ont participé, de deux façons différentes, au combat vers l’égalité des sexes, avec la volonté de permettre aux femmes de voter.

- Simone Veil : Simone Veil est à mon avis une femme qui a énormément apporté au combat pour l’égalité des sexes. Elle a connu une vie très difficile, surtout en période de guerre, mais elle a su promouvoit des valeurs qui me semblent essentielles et incarnent le progrès de la condition de la femme en France.

Née dans une famille juive, elle est déportée durant la seconde guerre mondiale à 17 ans, a Auschwitz, où elle perdra sa mère. Après la Libération, elle débute des études de droit, ce qui va la mener à occuper les fonctions de secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature, puis de ministre de la santé, ainsi que députée puis présidente du parlement européen. C’est la première femme à occuper des fonctions politiques aussi élevées, ce qui est un progrès important. Sa position de ministre de la santé va lui permettre de faire passer la loi légalisant l’avortement (IVG) en 1975. C’est cette loi qui rend Simone Veil si connue et reconnue en France, et qui la rend emblématique de la cause des femmes.

Karl Marx : la liberté et l’émancipation de la femme est un élément clé dans la théorie de Marx. Il pense que l’egalité des sexes peut être rétablie par la lutte contre le capitalisme. Tout d’abord, il exprime son idée que : “Pour le bourgeois, sa femme n'est autre chose qu'un instrument de production. Il entend dire que les instruments de production doivent être exploités en commun et il conclut naturellement que les femmes elles-mêmes partageront le sort commun de la socialisation.” Dans le manifeste du parti communiste (1848) au travers de sa thèse, il démontre que la soumission de la femme est apparue il y des centaines d’années lors de l’apparition des classes sociales. Il pense que la vision et la définition de la famille doit être changée, et de la même facon, la place de la femme dans le foyer. C’est, pour Marx, le capitalisme qui entraine la destruction des activités de la femme au sein du foyer. Il faut donc modifier la famille traditionnelle, donnant à la femme son autonomie économique hors de la famille et créant ainsi un terrain solide pour l'égalité de ses droits en tant qu'épouse, mère et citoyenne.

Malala : une pakistanaise de 18 ans, prix nobel de la paix, qui se bat pour aller à l’école dans un pays dirigé par les talibans où les femmes n’ont pas accès à l’éducation.

 

3) les differentes actions qui montrent le chemin vers l’égalité

 

- fesival de la bd : A angoulème, au festival de la BD, tous les lauréats choisis étaient des hommes. En 43 ans, une seule femme a fait partie des gagnants du festival. S’indignant contre cette injustice, un des gagnants du festival a demandé à être déchu de sa place pour la laisser à une femme. Son action a été imitée par une dizaine d’autres dessinateurs. Le festival a finalement choisi de rajouter des femmes au classement, sans retirer aucun des participants.

ce sont de telles actions qui font avancer la cause des femmes.

- les lois :  droit au divorce (1975), droit a l’ivg (1975, Veil), droit de travailler sans l’accord de son mari, d’avoir un compte en banque, droit de vote en 1944, congé parental du père (2002) ainsi que le droit que l’enfant porte les deux noms de famille…

ce sont toutes des lois qui marquent des avancées vers l’égalité entre l’homme et la femme.

 

CONCLUSION.

 

Nous pouvons voir que la femme est souvent considérée comme inférieure à l’homme dans la société, dans la religion, mais aussi au travers des thèses de différents philosophes. Le combat vers l’égalité des sexes avance grâce à certaines personnes très engagées au service de cette cause, mais il est loin d’être gagné car les  inégalités persistent dans de nombreux pays développés, Dans d’autres pays la condition de la femme est déplorable. Cette inégalité est due à des facteurs historiques et religieux, c’est pourquoi le schéma familial plaçant la femme en infériorité à l’homme est imprimée dans la tradition de notre peuple, et il est dur de lutter contre, de remettre en question les points de vue et les manières de penser.

Nous avons pu voir au travers de notre réflexion, qu”il est nécessaire d’avoir des lois pour instaurer la parité, pour obliger les hommes à modifier leur façon d’agir. Cependant, les lois ne sont pas suffisantes, et il est important de mettre en place un combat philosophique pour instaurer l’égalité, pour changer les vision du monde.

 


LE TEMPS.

PAR ANTOINE CHAUVE.

 

      Le temps est aujourd’hui un thème au cœur des réflexions philosophiques et sociétales. Il s’inscrit dans la notion de la technique et de l’existence. Plusieurs auteurs ont en effet récemment écrit sur le temps et particulièrement sur son accélération dans notre société moderne. A titre d’exemple, le philosophe Paul Virilio a publié «Le Grand accélérateur» (2010) et Harmut Rosa «Accélération : une critique sociale du temps» (2014). D’autres encore se sont intéressés à la notion du temps. De nombreux penseurs tiennent ainsi le phénomène comme caractéristique de notre époque récente, qu’ils appellent la post-modernité. Notre société serait soumise au dictat du Chronos. Le temps s’accélère et nous dévore, comme hier Cronos, ses enfants. 

Le temps n’a pas toujours été perçu de la même manière selon les époques. Si les hommes ont toujours cherché à le mesurer par des techniques de plus en plus précises, les philosophes quant à eux se sont interrogés sur son sens. 

Tout d’abord, nous verrons le concept du temps depuis l’Antiquité en abordant la mesure du temps technique mais également la manière dont le temps est vu par les philosophes anciens puis par les contemporains. Puis nous analyserons les impacts des techniques modernes dans la perception du temps et nous nous attacherons à montrer que la tradition peut être un moyen de percevoir le temps différemment. 

 

I- Le concept du temps 

Le temps du latin tempus induit la division de la durée et est indissolublement lié à l’espace. Depuis l’Antiquité, l’homme a toujours cherché à mesurer l’écoulement du temps rythmé par les années, les saisons, les jours et les nuits. Au fur et à mesure de l’évolution des techniques, les instruments se sont sophistiqués et ont gagné en précision. 

 

A- La mesure du temps 

Jacques Attali, dans son ouvrage, «L’histoire du temps», présente les différentes techniques utilisées par les hommes pour mesurer le temps. 

Dans l’Antiquité 

Phénomènes récurrents du milieu où vivait les hommes 

Le premier instrument de mesure connu est le gnomon (2400 av. J.- C.). Son principe repose sur la mesure de l’ombre d’un bâton planté verticalement par rapport au sol. On retrouve ce principe dans les cadrans 

 

Le déplacement quotidien de l'ombre, le retour des saisons ou le cycle lunaire ont servi de premières références. 

Le cadran solaires (1500 av. J.-C.), plus précis grâce aux graduations tracées sur sa surface, est adoptés par les Grecs puis les Romains. 

A la même époque, les hommes ont utilisé la clepsydre (1400 av. J.-C.) qui permet d’évaluer le temps par l’écoulement régulier d’une quantité d’eau déterminée ce qui a l’avantage de connaître l’heure à tout moment de la journée même la nuit. 

Au moyen-âge 

Au VIIème siècle, le sablier est inventé et repose sur le principe de l’écoulement du sable avec pour limite de ne mesurer que des durées. Cependant, cet instrument était peu précis pour mesurer de longues durées même si Christophe Colomb l’a utilisé pour mesurer le temps durant ses voyages. 

Au XVIIème siècle 

Avec l’évolution des techniques, apparaissent les horloges. Elles mettent en rotation un cylindre qui par un système de roues dentées, fait tourner les aiguilles à l’aide de la chute d’un poids. physicien, 

Au XXème siècle 

Depuis 1972, le temps universel s’appuie sur une échelle de temps fondée sur la rotation de la terre. Celle-ci 

Un constat : le temps est universel et les hommes l’ont toujours représenté sous forme de cercle avec un commencement et une fin dans un ordre cosmique. 

 

B- Le temps vu par les philosophes 

De tous temps, philosophes, artistes, écrivains, poètes ont interrogé le temps afin de donner leur interprétation à cette notion complexe. 

La conception du temps dans l’Antiquité 

Héraclite (VIe siècle av. J.-C.) est le premier philosophe à traiter explicitement du temps pour en déplorer la fuite, l’inconstance et la difficulté à le percevoir : « Nous sommes et nous ne sommes pas ». 

Galilée étudia le pendule oscillant et remarqua que la période (la durée d'un aller et retour complet) du pendule semblait être constante quelque soit l’objet. Il dessina en 1641 un projet d’horloge réglée par un pendule oscillant. Elle fut construite par d’autres en 1657. n'est pas régulière, à cause de phénomènes comme la marée. Pour annuler ces variations, les astronomes ont introduit le Temps terrestre (TT), déterminé à partir du Temps atomique (TAI), établi à partir d'un ensemble d’horloges atomiques réparties à la surface de la Terre. 

Aristote 

(IVe av. J.-C.) est un physicien grec. Pour lui, le temps est le moteur des choses ou la force de la vie qui circule dans le grand corps de la nature. Le temps est ainsi une propriété de la nature. Il distingue le temps de l’homme et le temps du monde, et fonde sa réflexion sur le paradoxe du temps : le temps n’existe pas puisqu’il est composé du passé, qui n’est plus, du futur, qui n’est pas encore, et du présent qui disparaît sans cesse. 

Disciple d’Aristote, Platon propose quant à lui, une autre conception du temps dans laquelle il oppose l’éternité et le temps. Si l’éternité existe, elle doit être celle du mouvement universel. Dans ce sens, c’est le temps lui- même qui est éternel, c’est-à-dire le temps qui dure toujours pour toujours. La conception d’éternité du monde que l’on retrouve chez de nombreux penseurs médiévaux prend ses racines ici. 

Les stoïciens privilégient l’instant présent. Le temps est une dimension du mouvement du monde. Le temps est « cette dimension du mouvement selon laquelle on parle de la mesure de la vitesse et de la lenteur ». 

Moyen-Âge 

Quant à la pensée chrétienne, c’est Saint-Augustin d’Hippone (354-430), penseur chrétien qui mène une analyse du temps. Dans son livre Les Confessions, il déclare : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore », ce qui montre que le temps est une notion complexe, difficile à définir car abstraite. Sa réflexion l’amène à la conclusion suivante : « Le présent du passé, c’est la mémoire ; le présent du présent, c’est l’attention actuelle ; le présent de l’avenir, c’est son attente. » Il décrit ainsi, l’être dans le temps et ramène le temps aux dimensions de l’homme avec un début et une fin. L’âme humaine serait active et s’inscrirait dans le futur, le passé et le présent. 

Saint-Thomas d’Aquin (1225-1274), religieux du XIIIe siècle, s’inspire d’Aristote et mène une réflexion sur l’éternité et le temps en montrant l’unité intime entre les deux termes. Pour lui, le temps humain est fini et le temps divin infini, c’est-à-dire qu’il serait la négation du temps. 

Kant (1724-1804), philosophe allemand du XVIIIe, dans son ouvrage «Critique de la raison pure» défini le temps comme l’espace, le cadre de toute expérience possible, et donc une condition de notre connaissance : tout phénomène apparaît immédiatement comme avant, pendant, ou après un autre. 

Les réflexions philosophiques s’articulent ainsi autour de plusieurs notions : le cycle et le mouvement des êtres ; image mobile et immobile de l’éternité ; temps humain et temps divin. 

Il faut souligner que les architectes, artistes et poètes ont souvent représenté le temps en s’appuyant sur ces notions et en utilisant des symboles. Par exemple, l’architecture et la sculpture d’inspiration chrétienne ont représenté le Christ, surtout dans l’art roman, sous la forme du Maître du temps. De plus, Hans Holbein le Jeune dans son tableau «Les Ambassadeurs» (1533) évoque la vanité des choses de ce monde et la fragilité de l’existence en utilisant des symboles tels que le crâne humain, mais aussi le sablier, la bougie ou l'horloge qui évoquent la fuite du temps. 

 

II- Modernité et temps 

Si le concept du temps est ancien, ce qui est caractéristique de notre époque moderne selon les auteurs, est son accélération. En effet, à partir des années 1970, on assiste au sentiment que le temps s’accélère indéniablement. 

 

A- Les philosophes modernes 

D’une part, Paul Virilio, philosophe et urbaniste, dans son essai «Le grand accélérateur» mène une analyse critique de la modernité, envisagé sous l'angle de la vitesse, qui est sa caractéristique essentielle. D'emblée, il place son argumentation sous une intuition tirée d'une comparaison entre d'une part l'accélérateur de particules (CERN), et d'autre part l'accélération de la finance mondialisée, aboutissant à un « mur du temps ». En effet, la finance folle se déploie dans des millions d'ordinateurs connectés en réseau, régie par un temps machine, une temporalité fonctionnant à la nano- seconde, qui n'a plus rien d'humain. L’auteur ne cesse de rappeler l'écart croissant entre la vitesse folle de la technique et le rythme humain, lié au corps et au cosmos, marqué par des caractéristiques ancestrales et immuables. 

D’autre part, Harmut Rosa (1965-), sociologue et philosophe Allemand, analyse le phénomène du temps et développe « une critique sociale du temps » de la « modernité tardive ». Pour lui, l’accélération du temps permet autonomie mais nous dépossède, nous rend plus libre et nous asservit. Bref, le contraste est frappant. D’un côté, l’auteur souligne « la dimension libératrice d’un temps à soi, d’un temps libéré de l’emprise des traditions et des religions, échappant sans cesse davantage aux contrôles sociaux, aux contraintes du travail, un temps faisant droit l’autonomie et aux aspirations individuelles ». De l’autre, loin de la plénitude espérée, « notre condition temporelle est décrite sous l’aspect mutilé de l’affaissement des utopies, de la crise des finalités, du culte de l’urgence, des tyrannies de l’instant, de l’éphémère, de la vitesse d’un temps ». Le temps aurait anéanti l’espace. Avec l’accélération des transports, la consommation, la communication, l’accélération technique, la planète semble se rétrécir tant sur le plan spatial que matériel. Ainsi notre société est placée sous le signe de l’accélération : accélération technique ; accélération du changement social et accélération du rythme de vie. L’accélération touche donc aussi notre capacité de comprendre notre époque en profondeur. Nous perdons notre emprise théorique sur le monde, la réflexion de fond régresse, nous n’arrivons plus à appréhender le sens et les conséquences de nos actions. 

Pour d’autres auteurs comme Paul Zawadzki, professeur de sciences politiques, notre monde se caractérise par ailleurs par le présentisme, définit comme une temporalité réduite à notre présent. On efface le passé ; on n’envisage pas l’avenir. 

Il faut souligner que l’idée de l’éloignement du passé est fort ancienne. « Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres » écrivait déjà Tocqueville. 

 

B. Temps et tradition 

Or, face au constat actuel portant sur l’accélération du temps, il peut être intéressant d’interroger la tradition afin de mieux appréhender le présent et résister à cette accélération. 

Nous définirons la tradition comme étant l’ensemble des savoirs et savoir-faire que l’homme a accumulé au cours de son histoire. Cette connaissance s’inscrit dans le temps et dans l’espace et est universelle. Par exemple, les mythes antiques permettent d’appréhender le présent à partir de l’expérience de nos ancêtres. 

La connaissance des cycles de la nature, l’alternance des saisons, par exemple, nous montrent que le temps est le même selon les époques et qu’il n’y a pas d’accélération pour la nature. Jadis, les paysans travaillaient selon une temporalité immuable. Il fallait le temps de la semence, de la germination et de la floraison. Aujourd’hui, la modernité a bouleversé cet équilibre et sous l’impact des nouvelles technologies, nous fait oublier notre rythme intime. De même, les planètes tournent autour du soleil selon un rythme universel qui est le même au cours des siècles. 

Il serait alors nécessaire de résister à la vitesse afin de respecter le fonctionnement de notre corps humain. C’est ce que rappelle Leroi-Gourhan, anthropologue de la technique, qui avait remarqué le décalage chez l'homme entre la vitesse d'évolution des objets et la lenteur du corps humain, resté le même qu'à l'ère préhistorique. 

Dans un article paru dans Libération (28/12/2015) intitulé «Se désemcombrer pour retrouver ce qui compte», André Comte- Sponville définit l’éternité en ces termes : «Pas un temps infini (car alors ce serait terriblement ennuyeux) mais un présent qui reste présent. C’est donc le présent même, dont nous sommes ordinairement séparés par le regret ou la nostalgie, l’espoir ou la crainte. L’éternité n’est pas l’immuabilité, mais la perduration toujours actuelle du devenir. Non la permanence, mais l’impermanence en acte et en vérité ! Il ne s’agit pas de vivre dans l’instant, ce que nul ne peut, mais d’habiter le présent qui dure et change. Quel que jour qu’on soit, c’est toujours aujourd’hui. Quelle que soit l’heure, c’est toujours maintenant. Et ce perpétuel maintenant est l’éternité même. On ne court le plus souvent qu’après l’avenir. Mais on ne court qu’au présent». Ainsi, lorsque des philosophes font l’éloge de la lenteur, ils nous mettent en garde contre une société marchande et la nécessité d’une sagesse à retrouver. 

 

Conclusion 

Notre société moderne est fondée sur une course effrénée au profit, à la vitesse, à l’instantanéité des choses. Mais il est urgent de ralentir ce rythme qui va à l’encontre de celui de la nature. Dès l’Antiquité, l’homme avait compris l’importance de l’harmonie avec les rythmes cycliques. Aujourd’hui, cet enseignement de la tradition ancienne peut permettre de résister à l’accélération du temps. Par ailleurs, perdre son temps, regarder la nature, rêver, ne rien faire sont aujourd’hui des sujets de réflexions de nombreux philosophes et essayistes qui ont écrit à ce sujet comme Pierre Rabhi dans «Le Chant de la Terre» paru en 2002. 

 

Bibliographie : 

 

J. Attali, 1982, Histoires du temps. Paris, Éd. Fayard.

H. Rosa, 2013, Accélération, Éd. La Découverte/Poche.

P. Virilio, Le Grand Accélérateur, Paris, Éd. Galilée, 2010

J. Chevalier ; A. Gheerbrant, Dictionnaire des symboles. Paris, Éd. Robert Laffont/ Jupiter, 1996.

P. Rabhi, Le chant de la terre. Collection Les Petits Livres de la Sagesse, Paris, Éd. La Table Ronde. 2002. 

 


MUSIQUE ET PHILOSOPHIE.

PAR LÉO LEMAÎTRE ET MARC-OLIVIER BEAUDIER

 

Introduction

 

La chevauchée de Walkyries, Kendrick Lamar, Beethoven, Stromae… Ces noms nous font directement penser à la musique mais qu’en est-il si nous nous penchons sur le côté philosophique de ces oeuvres et de ces artistes? C’est ce que nous allons étudier dans cet exposé :

Le mot musique est issu du grec “μουσική” (moûsikế) qui signifie «ce qui concerne les Muses» les Muses, dans la mythologie grecque sont les 9 filles de Zeus et Mnémosyme. Elles symbolisent les arts et notamment la musique au travers d’Euterpe.

La musique se définit en tant qu’un art qui permet à l’homme de s’exprimer par l'intermédiaire des sons: c’est la capacité intuitive de l’homme de combiner les sons de façon mélodique, rythmique et harmonique. Elle est en constante évolution et exclusive à l'espèce humaine (bien que certains animaux sont capables d’émettre des chants cela se rapproche plus du bruit que de la musique).

Pour Hegel, dans son Esthétique, il y a 5 arts qui sont l’architecture, la sculpture,  la peinture, la musique et la poésie, c’est aussi le 5ème art de la liste des 7 arts d’Alain et Schelling.

 

Nous nous demanderons si la musique et la philosophie peuvent être complémentaires ou si, au contraire ces deux notions doivent d’opposer. Afin de répondre à cette problématique nous verrons dans un premier temps l'intérêt qu’éprouvent les artistes envers la philosophie puis nous nous intéresserons à la relation entre les philosophes et la musique avant de finir par un court inventaire d’oeuvres musicales qui ont retenu notre attention.

 

 

I/ La philosophie, un centre d'intérêt pour les artistes

 

Si la musique est si importante c’est car le musicien peut s’exprimer tout en touchant le public par la belle représentation d’idées. La mélodie qui accompagne les paroles peut également s’avérer importante. Jean Jacques Rousseau pense que la mélodie est le clé de la musique car elle permet de créer des émotions. En effet, bien que l'esthétique occupe une part importante dans l’art, son rôle est d’autant plus important dans la musique. 

 

 

A) La musique, une diffusion des pensées philosophique

 

Les musiciens sont bien souvent en relation avec les philosophes qui les ont précédés. Ils peuvent représenter une source d’inspiration étant donné qu’ils sont des personnages emblématiques. De cette manière le rappeur Seth Guecko évoque le philosophe Epicure dans ses paroles «Je mène la vie d’Epicure» dans Titi Parisien. Il fait allusion à la vision hédoniste de la vie qui consiste à vivre à travers la satisfaction de ses plaisirs sans réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir sur le long terme. Ces passages que les musiciens accordent aux philosophes reviennent assez régulièrement, comme par exemple avec le rappeur Akhenaton, «Car nous aussi dans le fond on a nos Platon nos Périclès nos Eschyle nos Socrate», ou encore Kendrick Lamar dans Backseat freestyle avec «Martin had a dream, Kendrick had a dream».   

 

La musique étant un moyen de diffusion rapide des idées, les musiciens peuvent non seulement transposer des noms de philosophes mais également leurs pensées  dans les paroles qu’ils emploient. Il arrive aussi que titres d’oeuvres soit directement en rapport avec la philosophie, par exemple: Le rap c’est du bruit qui pense Medine reprenant la célèbre phrase de Victor Hugo «la musique c’est du bruit qui pense» 

 

Certains musiciens sont d'ailleurs conscients de l’impact qu’a la musique et vont s’en servir. Le musicien Grand Corps Malade pratique le slam qui est un art oratoire se rapprochant de la poésie. Cela permet de rendre plus attrayant les poèmes et ce qu’ils dévoilent. Bien loin de cette simple idée de vouloir plaire au public, le musicien se retrouve comme un intermédiaire entre les pensées et le public. A la manière de Léo Ferré, qui reprend des poèmes pour les rendre plus abordables, les musiciens peuvent ainsi diffuser les idées des philosophes. L’artiste peut également choisir de cibler un type de public en particulier ce qui rend la diffusion des idées plus efficace. La musique est ainsi au service de la philosophie.

 

 

 B) Le musiciens engagés représentant de la réalité

 

Les musiciens ne se limitent pas à évoquer des philosophes et peuvent également s’investir dans la philosophie et marquer leurs propres pensées dans leurs paroles. Certains musiciens vont certes tenter d’idéaliser leur réalité mais ceux qui tentent de la relever simplement ont d’autant plus d’impact dans l’esprit du public qui peut s’y identifier. Le rappeur américain Kendrick Lamar s’exprime librement sans s’inspirer de philosophe et manifeste ses propres idées. De la même manière qu’un philosophe, il va tenter d’exprimer la vérité et la sagesse. On retrouve cela à travers les artistes engagés qui en plus de faire de la musique, cherchent à instruire et à apporter une prise de conscience générale. Le musicien peut à la fois mêler l’utile à l’agréable dans cet art. La musique n’est donc pas purement esthétique contrairement à ce que l’on pourrait penser. Divers musiciens peuvent même aller jusqu’à favoriser les paroles au détriment de la beauté de la musique.

 

Dès lors qu’un artiste exprime une pensée on peut alors mettre en parallèle cela avec de la philosophie mais il ne faut pas se méprendre: il arrive souvent que les musiciens fassent des références à la philosophie uniquement dans le besoin d’une rime ou d’une punchline bien placée. 

 

Cette idée de vouloir raconter la réalité est très marquée dans le rap aussi bien français qu’américain. Ce qui devient intéressant c’est cette part de réalité dans la musique qui n’est pas toujours présente dans la philosophie.  Il nous semble qu’un musicien impliqué dans la lutte contre le racisme aux Etats-Unis comme Kendrick Lamar, chose qu’il a certainement vécue lui même, soit plus crédible qu’un philosophe entièrement extérieur à cette situation. En quelque sorte les musiciens, les rappeurs en particulier, sont en train de devenir les nouveaux philosophes des temps modernes...

 

 

C) Les musiciens, de nouveaux philosophes

 

Tout comme la philosophie, le rôle de la musique peut être de faire réfléchir sur les réalités humaines. Cependant, la musique peut rendre cette réflexion plus abordable à une société contemporaine qui se détache de plus en plus de la lecture en règle générale et donc des ouvrages philosophiques. En d’autres termes, la musique a atteint une telle place dans la société qu’elle pourrait à l’avenir se substituer à la philosophie. Cela concorde avec la vision  des philosophes tel que  Descartes qui pensent que la philosophie est indispensable et devrait être accessible à tous.

Évidemment les musiciens ne sont pas toujours très crédibles mais ce n’est par pour autant qu’il faudrait ne pas prendre en compte le travail des plus sérieux d’entre eux. Selon moi, les rappeurs ont beaucoup de points commun avec les philosophes. C’est également ce que pense le professeur de philosophie Francis Métivier qui a d’ailleurs écrit un essai à ce sujet, Rap’n philo, dans lequel des philosophes comme Nietzsche et Kierkegaard côtoient les grands noms du rap français.

 

 

Beethoven pense lui que les idées véhiculées par la musique sont d’autant plus importantes que les idées des philosophes eux même :« La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie ».  

 

 

L’un des premiers points qui remettraient en cause cette égalité est le fait que la musique est un art et que la philosophie est considérée comme une science pour certains, et adopte même un statut propre à elle même pour d’autres. Par conséquent tous s’accordent à dire que la philosophie n’est pas un art mais en est plutôt en relation. Cette égalité serait donc difficilement envisageable et le musicien qui est un artiste ne pourrait nullement bénéficier du titre de philosophe. Cependant la musique de nos jours a atteint une diffusion sans précédent. Certes il ne parait pas concevable de mettre sur un pied d’égalité la philosophie d’Aristote et la musique de Kaaris ou Booba, mais voyons plutôt cela comme un renouveau des recherches philosophiques. Les temps changent et de par ce changement de nouvelles réflexions s’opèrent. Là où on s’intéressait à la question de bonheur ou de conscience, on prête désormais attention à des questions contemporaines sur le racisme ou la discrimination, des sujets très bien maîtrisés par les rappeurs.  

 

Une autre contradiction est le fait que le public ne cherche pas toujours à comprendre la musique. Bien entendu cela ne relève pas du musicien lui même, mais il est vrai que nous pouvons être trompés par la vocation première de la musique qui est de distraire et non pas d’instruire. Le philosophe a lui une tâche simple qui est de pratiquer la philosophie comme son nom l’indique et donc de ce fait de pousser l’Homme à la réflexion. Le musicien ne devrait donc pas avoir une tâche double ce qui prêterait à confusion.  Nous pouvons par exemple au moins voir la musique comme complémentaire à la philosophie, voire comme un outil du philosophe. 

 

La place la la musique dans la société est un point très discutable et nous allons tenter d’analyser les différents points des philosophes sur la musique qui ne cesse de prendre de l’importance.  

 

 

 

 

II/ La vision philosophique de la musique 

 

Dans la première partie nous nous sommes intéressés aux rapports qu’entretiennent la musique avec la philosophie. Si les musiciens s’intéressent à la philosophie, il est aussi vrai que, de tous temps, les philosophes se sont intéressés à la musique, c’est d’ailleurs le cas de  Platon qui fut l’un des premiers à l’étudier dans une de ses oeuvre intitulée République. Selon lui la musique conditionne les enfants à la philosophie mais devient inutile et nuisible à l’âge adulte car elle écarte du “droit chemin”. On doit à Platon cette citation «la philosophie est la plus haute musique» ce qui indique que la philosophie est, selon lui supérieure à la musique car elle représente la véritable éducation pour l’homme, bien que ces deux notions peuvent être semblables sur certains points.. Cela montre qu’il existe bien une relation entre la philosophie et la musique. 

 

 

A) La musique et sa relation avec l’âme 

 

S’en suit Aristote, bien qu’élève de Platon, le Stagirite a une perception plus nuancée de la musique et des arts en général, il distingue le mimésis de la catharsis dans Poétique. La musique, tout comme les autres arts, permet à l’Homme de se divertir et de se libérer de ses peines et de ses émotions que l’on peut exprimer par la célèbre phrase «la musique adoucit les moeurs». 

 

Si l’on remonte au siècle des musiciens (XVIIème siècle) période durant laquelle a vécu le compositeur Claudio Monterverdi ou encore le violoniste Arcongelo Corelli, le philosophe français René Descartes se détache entièrement des idées des philosophes de l’Antiquité. Il envisage au contraire l’idée d’une “musique humaine”. La musique a d’ores et déjà pris de l’importance à cette époque et il est conscient que si elle est à ce point diffusée, c’est qu’elle délivre des émotions. Il va justement, avec un regard très scientifique, chercher à étudier les propriétés du son qui permettent de créer du plaisir à l’écoute. Cependant il va se rendre compte que la beauté de la musique est purement subjective car elle ne se mesure pas à la perfection des accords ou à l’harmonisation des sons, mais plutôt à la satisfaction qu’elle délivre. Cela explique pourquoi la musique est très difficile à étudier. 

 

Il finit par en déduire que la musique est le plus haut degré de la sagesse étant donné qu’elle directement en contact avec l’âme humaine. La musique ne s'appuie donc pas sur le simple plaisir charnel. Malgré le fait que cela semble une évidence, il reste important de le préciser car selon Descartes, le corps et l’âme sont deux choses totalement distinctes mais unies ce qui représente le dualisme cartésien. Par conséquent, si la musique est si étonnante c’est que malgré le fait qu’elle délivre des sentiments, elle ne se limite pas à la pensée seule mais dépend également de la médiation du sens de l’ouïe : cette union de l’âme et du corps représente une association parfaite entre sensations et émotions. La musique est une preuve même de ce dualisme.

 

Il est bon de rappeler que le terme philosophie vient du grec “φιλεῖν” (philein) et    “σοφία” (sophia) ce qui signifie l’amour de la sagesse. Par conséquent si la musique est une forme de sagesse cela signifierait que Descartes met la  musique et la philosophie sur un pied d’égalité. 

 

 

 B) La musique, un art utile ou au contraire désintéressé 

 

Le philosophe Jean Jacques Rousseau, lui même compositeur témoigne que : « La musique est l’art d’accommoder les sons de manière agréable à l’oreille ». Pour lui, derrière les compositions des musiciens se cache un véritable discours musical. De plus, selon lui la musique s’accorde parfaitement avec la parole. Si l’on en suit ses pensées, la musique pourrait être utilisé à des fins philosophiques voire politiques. Il parle alors de «musique savante», qui serait en contradiction avec la musique populaire. Les musicologues parlent en effet d’un triangle axiomatique entre musique populaire, musique traditionnelle et musique savante, bien que ces différenciations s’estompent avec le temps.  

Toujours dans un souci d’éradiquer l’obscurantisme propre au siècle des Lumières, mais déjà perceptible dès le XVIIème siècle, il souhaite rendre toutes formes de musique abordables pour tout un chacun. Afin de rendre la musique plus égalitaire, il voudrait en finir avec les musiques traditionnelles et exposer à la place des musiques plus ouvertes bien que cela représenterait un choc culturel. 

Cela mènera à une  controverse parisienne, connu sous le nom de la “Querelle des bouffons”, qui opposera les partisans d’une musique plus moderne, ceux fervent de la légèreté des musiques italiennes, et ceux attachés à la tradition de la musique française. 

 

Intéressons nous désormais au philosophe Emmanuel Kant. Pour l’allemand la musique au même titre que l’art n’a pas de but précis, elle se doit être désintéressée c’est ainsi qu’il distingue le beau de l’agréable dans son oeuvre Critique de la faculté de juger. Cela est en opposition complète avec ce que pense Rousseau de la musique. La musique est la représentation d’une idée, cette représentation peut être  belle ou laide tout comme l’idée qu’elle est censée représenter. Pour lui l’artiste n’est qu’un traducteur inconscient de phénomènes qui le dépassent. Ces pensées sont en total contradiction avec son compatriote Friedrich Nietzsche.

 

Nietzsche est un des philosophes qui s’est le plus intéressé à la musique, en témoigne sa relation plus ou moins tumultueuse avec Wagner, le philosophe admirait Wagner avant de le délaisser car ces musiques n’avaient plus le sens que Nietzsche espérait. Il a d’ailleurs composées plusieurs mélodies pour piano. «Sans la musique la vie serait une erreur» c’est par cette phrase du Crépuscule des idoles que l’on se rend vraiment compte de l’importance que tient la musique dans sa vie.

Selon Nietzsche si la musique est si importante c’est car elle est universelle et facilement accessible. On retrouve ainsi  les idées achevées de Rousseau un siècle plus tard: « La musique touche immédiatement le cœur, car elle est la véritable langue universelle, partout comprise. » 

Il lie la musique à la fête et au plaisir à la manière de Fragonard et de ses Fêtes galantes. On retrouve même dans son livre La naissance de la Tragédie une liaison avec Dionysos, le Dieu de la folie et de la démesure. Cela signifierait il que la musique serait obligatoirement joyeuse et gaie ? Il nuance d’emblée ces propos et comprend bien que la musique n’est pas une simple fantaisie. Il oppose ainsi dans son oeuvre les caractères dyonisiaques et appolliniens de la musique, termes exclusifs à lui-même, qui permettent de mettre en évidence à la fois la gaieté et le sérieux musical qui en ressortent. C’est d’ailleurs pour cela qu’il appréciait le musicien Wagner, pour ce romantisme que Descartes estimait comme un élan de sentiments qui touchent directement le moi intime de l’Homme. 

 

 

 

C) De nos jours

 

De nos jours beaucoup de philosophes s'intéressent à cette question comme le montre Rap’n Philo ou Rock’n philo de Francis Métévier, cités précédemment.

De par l’évolution constante et continue de la musique ainsi que sa diffusion, il est d’autant plus intéressant de faire une étude philosophique sur la musique.  

Francis Wolff philosophe français et professeur à l’Ecole Normale Supérieure  « Partout où il y a de l’humain, il y a de la musique».

Pourquoi la musique ? sorti en 2015

retrace l’histoire et le courant évolutif de ses pensées.

 

 

Dans un entretien qui correspond au lien ci-dessus, Michel Onfray évoque sa frustration musicale qui lui a tout de même permis d’acquérir un style philosophique : «la musique c’est une école de style pour le philosophe que je tâche d’être». Cela témoigne que, encore aujourd’hui, la musique continue à nous instruire et à nous éduquer. (https://www.youtube.com/watch?v=QcByqyvUC8I) 

 

Michel Houellbecq, écrivain romancier et essayiste français, que l’on pourrait rapprocher du mouvement philosophique tant ses oeuvres font preuve de réflexions bien que souvent discutables, a fait de la musique et a même sorti un album dénommé Présence humaine où il récite des poésies sur des fonds sonores rythmés.

 

Malheureusement il nous est difficile d’en développer les idées étant donné le nombre limité d’informations que nous aurions pu trouvé dans des livres récents. 

 

 

III) Des oeuvres qui nous ont marqué

 

Dans cette partie nous allons vous proposer quelques oeuvres qui ont retenu notre attention, elles ne nous plaisent pas forcément mais nous y avons trouver un intérêt certain  dans chacune. Si le rap est omniprésent c’est que cette forme de musique  permet le plus facilement d’exprimer ses idées ainsi que ses émotions.

 

 

Alright de Kendrick Lamar

 

https://www.youtube.com/watch?v=Z-48u_uWMHY

 

Ce titre extrait de l’album To pimp a butterfly  soulève le problème de la série de bavures policières aux USA à cause de la couleur des suspect. Il exprime le fait que les personnes noires se doivent êtres optimistes si Dieu est avec eux tout ira bien. Tout en adoptant le point de vue de Martin Luther King, qui est celui de la non violence, il s’oppose à Malcom X et son slogan «The ballot or the bullet».

 

 

Carmen de Stromae

 

https://www.youtube.com/watch?v=UKftOH54iNU

 

Stromae reprend une musique de l’opéra Carmen de Georges Bizet. 

C’est une véritable remise en cause des réseaux sociaux et de la société qui valorise le paraître à l’être et les dangers des amitiés virtuelles, un exposé a d’ailleurs été fait sur le thème de l’amitié sur le site de la brindille nous vous invitons donc à le consulter.

 

 

New Slaves de Kanye West

 

https://www.youtube.com/watch?v=dT3swdCJrrg

 

Dans cette musique, le rappeur souvent considéré comme excentrique dénonce la société de consommation, les esclaves ne sont plus les noirs mais ceux sont les personnes promouvant ce système où l’argent et le luxe sont maîtres. La discrimination s’exerce en fonction non pas seulement de la couleur mais aussi du niveau social: une personne noire aisée sera valorisé alors qu’une autre ayant des difficultés financières sera discriminée.

 

 

La chevauchée des Walkyries de Richard Wagner

 

https://www.youtube.com/watch?v=KMTRqAgLw04

 

La chevauchée des Walkyries est une musique classique qui symbolise de nombreux thèmes. Ce drame musical met en avant les notions d’amour et de pouvoir sur un fond de confrontation entre Hommes et Dieux.

Nous vous conseillons de lire cet article afin d’en savoir plus

http://www.polyphonies.eu/lemensuel/Commentaire-sur-le-prelude-de-La.html

 

 

Satisfaction des Rolling Stones

 

https://www.youtube.com/watch?v=nrIPxlFzDi0

 

Dans cette chanson écrite en 1965, la société de consommation est en plein essor c’est pour cela que cette époque est surnommée les “Swinging Sixties”. Malgré tout elle ne leur permet pas d'atteindre le Souverain bien qu’est le bonheur c’est pour cela qu’ils n’arrivent pas à se satisfaire du tournant politico-culturel du Royaume-Uni dans les années 60 «I can get no satisfaction». 

 

 

Vivre ou mourir ensemble Kery James

 

https://www.youtube.com/watch?v=kuCuDFz2pW0

 

Kery James relate et analyse humblement  l'atmosphère qui règne actuellement en France après les attentats. C’est un hymne à la solidarité si la France veut traverser cette douloureuse épreuve elle se doit être unie. Il comprend que l’on peut tomber dans le piège du racisme même si il s’y oppose fermement : «On peut perdre son humanité dans un labyrinthe de chagrin». De plus, il met la politique française face à ses actes.

 

 

 

Help des Beatles

 

https://www.youtube.com/watch?v=yWP6Qki8mWc

 

Dans cette chanson écrite à l’apogée de leur carrière, le célèbre groupe britannique exprime son mal-être au vu du succès qui les assaille. Ils ont besoin d’aide pour se sortir de ce phénomène qui les met perpétuellement dans la lumière. Ils appellent à l’aide. A la manière des Rolling Stones nous comprenons que le succès n’est qu’une joie apparente mais ne leur permet pas d’atteindre l’état de bonheur.

 

 

Strange Fruit de Billie Holiday

 

https://www.youtube.com/watch?v=h4ZyuULy9zs

 

A l’aide d’une métaphore filée Billie Holiday compare les hommes pendus à cause de leur couleur de peau aux États-Unis à des fruits étranges suspendus sur un arbre qui lui même représente la société de l’époque. «Strange fruit hanging from the poplar trees». Sur un fond de jazz ,cette musique est encore de nos jours un symbole de l’anti-racisme

 

Globalement nous nous rendons comptes que les deux thèmes principaux sont le racisme et la société de consommation qui sont deux problèmes importants de nos jours.

 

 

 

Conclusion

 

Finalement cette étude nous permet d’affirmer que la musique est la philosophie ne sont pas indissociables mais elles peuvent être complémentaires. De l'Antiquité à aujourd'hui nombreux sont les philosophes qui se sont adonnés à émettre des pensées sur la musique, il en résulte que leurs avis divergent sur l'intérêt de cet art mais se rejoignent sur certains points tel que la musique serait un art à part entière et l’un des plus importants. Les musiciens ont bien compris que la musique est un support adéquat pour diffuser des pensées et exprimer des sentiments. 

A la suite de cet exposé nous pouvons nous demander si les autres arts sont aussi à même de se superposer à la philosophie que l’est la musique. 

 

 

SITOGRAPHIE : 

 

http://www.symphozik.info/quelques-citations-a-mediter,91,dossier.html

http://www.symphozik.info/musique-et-philosophie,102,dossier.html

http://agora.qc.ca/documents/ecrivain--philosophes_et_ecrivains_devant_la_musique_par_leo-pol_morin

http://www.musimem.com/philosophie_mus_contemporaine.htm

http://www.schopenhauer.fr/philosophie/musique.html

http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/alexandre-chirat-booba-philosophie/

http://lpo-chirongui.fr/?p=212888

http://www.philpercs.com/2015/07/will-we-be-alright-kendrick-lamar-and-kant-on-unshakeable-beliefs.html 

http://www.lexpress.fr/culture/livre/nietzsche-et-wagner-une-amitie-orageuse_771968.html

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Musique